Changement climatique et énergie nucléaire : est-ce compatible ?

Le changement climatique est un défi mondial urgent. De nombreuses solutions existent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre : énergies renouvelables, sobriété, relocalisation de la production, etc. L’énergie nucléaire est souvent présentée comme une réponse efficace, capable de produire de l’électricité sans CO2. Mais, dans le contexte du réchauffement climatique, est-il raisonnable de continuer à investir dans le nucléaire ?

Construire de nouvelles centrales nécessite des infrastructures colossales, une exploitation intensive des ressources naturelles. Les travaux pour stabiliser les sites requièrent des tonnes de sable et de galets, et les fondations ou socles colossaux doivent pouvoir résister aux phénomènes climatiques extrêmes, face à l’élévation du niveau des mers et océans. Dans un monde où chaque espace compte pour la transition énergétique, ce n’est pas une priorité rationnelle d’autant que les rejets de CO2 pour exécuter ces travaux aggraveront encore les aléas climatiques

Par ailleurs, le réchauffement des rivières, essentielles pour le refroidissement des réacteurs, limite leur fonctionnement en période de chaleur extrême. Plusieurs centrales doivent réduire leur production, voire s’arrêter, ce qui accentue les risques de défaillance et plaide en faveur d’un développement plus massif des énergies renouvelables pour répondre à des demandes en électricité qui ne cessent d’augmenter.

Les déchets nucléaires, dangereux pendant des millénaires, sont un héritage toxique laissé aux générations futures et les risques d’accidents, face au prolongement de réacteurs qui ont déjà 40 ans, constituent aussi un point de vigilance à considérer.

Outre la présentation d’un état des lieux des projets en cours de préparation, futurs réacteurs de grande envergure mais aussi éventuelle multiplication de réacteurs de petite taille, nous avons tenu à informer sur les risques actuels et à venir. La rencontre grand public le 26 septembre 2024 a permis d’évoquer les mesures et contrôles mis en œuvre pour garantir la sûreté promise.

C’est un sujet qui nous concerne toutes et tous et nécessiterait une mobilisation massive pour participer aux diverses concertations et débats en cours actuellement : questionner les promoteurs et exiger des décideurs des solutions alternatives viables à court terme, à commencer par la concrétisation de la sobriété.

Il est crucial de repenser nos choix énergétiques, dans une logique de durabilité de la survie des êtres vivants à long terme.

Anita Villers
Vice-Présidente

Grégoire Jacob
Président de l’association EDA

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