Nos avis ont-ils encore de l’influence ?
La complexité des problématiques qui nous font face nous oblige à nous engager, en tant que citoyen, sur toutes les questions structurantes pour l’avenir de chacun : quelles ressources vitales protéger, quelles énergies utiliser, quels moyens de transports marchandises ou de déplacements particuliers, quel mode de développement, quelle place pour la démocratie et les débats ?
Pour ce faire une information pluraliste et l’avis de diverses associations et d’ONG est aussi essentiel que celui de nos dirigeants, certes seuls décideurs puisque élus.
Concernant le sujet majeur : l’énergie.
Pour réduire le réchauffement climatique, toutes les solutions qui apparaissent comme peu émettrices de carbone devraient dorénavant être privilégiées. Le retour en force de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité décidé par le gouvernement actuel a influencé un revirement inattendu de l’opinion publique. Or l’avantage majeur mis en avant concernant le peu d’émissions de carbone au moment de la production d’électricité occulte d’autres aspects loin d’être négligeables : les risques majeurs en cas de dysfonctionnements des réacteurs, l’enfouissement des déchets dont la radioactivité de certains est estimée à des milliers d’années risquant d’impacter les générations futures sans autres alternatives proposées, sans parler d’une allégeance aux pays producteurs d’uranium, ce qui va à l’encontre de l’argument de garantie de notre indépendance.
Les mises en garde et oppositions très argumentées des opposants à ce monopole du recours au nucléaire sont immédiatement caricaturées « contre le progrès – retour à la bougie ». Ces attitudes démultipliées par certaines presses, médias et surtout les réseaux sociaux s’adressent à des publics peu au fait de l’ensemble des problèmes posés et surtout des coûts réels du cycle complet du recours à cette énergie.
L’énergie éolienne, énergie renouvelable largement plébiscitée chez nos voisins européens est, chez nous, décriée pour une question d’esthétisme des paysages et de risques pour les oiseaux migrateurs : pour ces derniers des solutions d’implantations en lien avec les associations spécialisées devraient pouvoir être facilement trouvées. Pour le recyclage des matériaux utilisés, argument également évoqué, après démontage et stockage en attente de solutions innovantes en cours de concrétisation, les incidences sur les générations futures et les coûts financiers nécessaires ne sont pas comparables à ceux du nucléaire. De plus, cela n’a rien à voir avec les risques liés à la durée de radioactivité des déchets nucléaires et aux problèmes que pose le démantèlement des centrales actuelles.
L’important pour nous est que chacun prenne la mesure des enjeux et comprenne aussi la nécessité de s’orienter vers davantage de sobriété.
Certes les décisions sont le fait des représentants élus, trop souvent encore séduits par les arguments et pressions des lobbies. Non seulement ils minimisent les risques à long terme en invoquant les innovations technologiques à venir mais ils font en sorte de dénigrer l’expression d’arguments quasi incontournables pour tenter de prolonger un système pourtant dépassé et dispendieux qui ne devrait plus être d’actualité : une situation qui devient de plus en plus difficile pour les instances participatives dont le fonctionnement commence même à être remis en question.
NON, nous ne sommes pas utopistes mais motivés, pour informer un nombre croissant de citoyens soucieux de ce que devrait être demain et pour pouvoir exercer encore et surtout avec eux un indispensable rôle d’aiguillon.
Anita Villers
Vice-Présidente
Grégoire Jacob
Président de l’association EDA
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