Metaleurop

Fin des années 1980, un agriculteur et éleveur de vaches d’Auby près de Douai constate des problèmes de gestation au sein de son cheptel et en informe un élu de sa commune ayant des relations avec des membres d’associations de la région lilloise sensibilisées à la pollution des sols.

C’est ainsi qu’est née l’association EDA sensibilisée aux risques santé sans doute encourus par toute une population travaillant, habitant et se nourrissant de denrées produites sur un site pollué par des métaux lourds (plomb – zinc – cadmium…) : celui de Metaleurop. L’objectif était de s’informer, d’informer les acteurs du territoire pour envisager une recherche de solutions les plus adaptées possibles.

La démarche se voulait constructive, transparente faisant appel à toutes les compétences des chercheurs, élus, personnels du domaine de la santé, habitants. Ceci était nouveau, et finalement a été mal perçu car dérangeant face à l’ampleur du problème à résoudre, bousculant les habitudes et la routine d’une acceptation passive de nuisances liées aux activités générant certes des pollutions mais pourvoyeuses d’emploi.

Il a fallu vingt ans de lutte opiniâtre pour que la pollution historique soit enfin officiellement reconnue et que les responsabilités soient établies.

L'espace biotique, dispositif de reconquête des espaces dégradés autour de Métaleurop

Ce n’était pas un combat d’écolos qui voulaient protéger la nature, c’était de la santé d’êtres humains, ouvriers ou habitants de ce secteur dont il s’agissait et, dans une région où des conditions de travail difficiles sont depuis des années et des années perçues comme quasi « normales ». Il a fallu beaucoup de conviction pour faire admettre aux responsables de la santé, aux élus, à l’entreprise, qu’il était possible de produire autrement et que mépriser les ouvriers, les riverains c’est-à-dire leurs familles, masquer les problèmes n’était pas « durable ».

Malgré la reconnaissance officielle par l’entreprise locale de sa responsabilité et de son engagement à participer à la recherche de techniques de dépollution, le dossier Metaleurop n’a pas pu évoluer comme nous le souhaitions : les actionnaires ayant décidé la fermeture du site.

Danielle Poliautre, à l’origine de la création de l’association a été pionnière dans la Région pour construire pas à pas une approche du problème de la pollution des sols par des métaux lourds et leurs  conséquences à long terme et tenter d’y apporter les solutions les plus adaptées. Elle s’inspirait de ce qu’elle avait lu dans le rapport Brutland  « Notre avenir à Tous ».

Bouffée d'air spécial Danielle Poliautre

Metaleurop, cas concret des conséquences d’un développement non durable, a alimenté les échanges entre membres du collectif de préparation du Sommet de Rio de 1992 au cours duquel la prise de conscience de la vulnérabilité de la Planète a été mise à jour.

S’en est suivi un engagement permanent pour développer dès 1993 des pratiques à mettre en œuvre progressivement, faisant l’objet d’un agenda dit agenda 21 dont l’objectif était de tendre vers un développement durable à l’échelle d’une ville puis par extension d’une région, d’un pays…

La répétition de graves catastrophes naturelles à cadence rapprochée, la survenue d'accidents industriels majeurs (Tchernobyl, Fukushima, fuites massives de pétrole dans le golfe du Mexique...), la déforestation, le recours massif aux produits phytosanitaires, l'ensemble de ces constats accentuent la prise de conscience des risques liés aux activités humaines et au dérèglement du climat.