Serions-nous devenus gênants ?

Depuis toujours, la participation citoyenne est au cœur de nos engagements. Comment faire participer le citoyen aux enjeux sociétaux, comment le mobiliser et lui faire gagner en connaissances, comment s’approprier des thématiques complexes mais qui nous concernent tous, comment proposer des alternatives constructives face à des « experts » qui ne maîtrisent pas toujours leurs sujets et peuvent n’avoir qu’une vision partielle de sujets, de projets influencés par de puissants lobbies. Pourtant, c’est un des fondements d’EDA qui semble être remis en question.

Difficile de ne pas perdre espoir quand nos avis citoyens ne sont plus pris en considération. Ce qui se passe à propos du nucléaire est une véritable régression et ramène la question nucléaire aux années 70, avec un Président qui décide et des citoyens qui ne peuvent que subir ses décisions, sans avoir voie au chapitre. Nous ne sommes pas dupes et, depuis toujours, nous savons notre parole limitée et, bien que parfois écoutée, rarement prise en compte. Cela ne nous empêche pas et ne nous empêchera pas de toujours replacer les sujets dans leur contexte amont et, en aval, d’évaluer leurs conséquences à long terme pour proposer des alternatives plus respectueuses de l’Homme et de la Nature.

Il s’agit de la remise en question de notre démocratie à propos de décisions certes difficiles à prendre mais concernant l’avenir à long terme de l’ensemble des citoyens : quelle place laissée à leurs avis en l’occurrence, actuellement, en matière de choix de production d’électricité ? L’expression de points de vue différents, les débats sont-ils encore possibles ?

Pour ralentir le réchauffement climatique, il faut urgemment réinventer nos modes de vie, décider ce à quoi nous allons renoncer et quels changements mettre en place. Il est essentiel que tout citoyen puisse être associé à ces inévitables transitions. La question du nucléaire fait partie de ces enjeux majeurs qui nous engagent pour des milliers d’années ! La question des usages et du partage de l’eau également. Elle se pose au niveau mondial mais aussi en métropole de Lille. Allons nous saccager nos champs captants et mettre en danger notre ressource vitale pour implanter des bâtiments logistiques en imperméabilisant des terres agricoles ou tenter de fluidifier un trafic routier qui sera saturé à nouveau à court terme alors que le développement du rail, des transports en commun est souhaité par le plus grand nombre ?

Dans une optique de partage de savoirs, nous organisons en mars une rencontre sur le thème de la biodiversité dans les Hauts de France : comment s’y reconnecter ? Le carbone seul faisant toujours l’actualité, la biodiversité doit trouver sa place dans les débats actuels. La préserver est aussi un atout majeur pour notre avenir : une nouvelle initiative qui témoigne de notre engagement permanent et déterminé.

La parole citoyenne est là pour enrichir les débats, proposer des alternatives en ayant sans cesse à l’esprit les conséquences à long terme de nos choix ici et surtout « là-bas », de manière solidaire. Loin de nous le syndrome Nimby (Not In My Back Yard – pas dans mon jardin) ! Nous cherchons au contraire à avoir une approche la plus constructive et inclusive possible. C’est notre objectif et cela le reste.

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