S’affranchir de la mondialisation, privilégier le local

Les bouleversements que nous connaissons actuellement ont été maintes fois annoncés et ce, depuis fort longtemps : événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents, atteinte des limites des ressources naturelles, raréfaction de l’eau, prix de l’énergie qui s’envolent. Et ce n’est que le début.

Dans les années 1970, le rapport Meadows connu sous le nom «  Limite à la croissance (dans un monde fini), portait sur les liens entre conséquences écologiques de la croissance économique, limitation des ressources et évolution démographique. Les courbes publiées alors montraient déjà que si rien ne changeait, nous allions connaître à partir de 2020 des phases d’effondrement ou de décroissance en matière de fourniture d’énergie, de réserves de ressources naturelles et des pénuries alimentaires aggravées par un manque d’eau croissant.

De même, toujours dans les années 1970, des scientifiques alertaient déjà sur un climat qui se déréglerait du fait d’émissions de gaz à effet de serre qui s’emballeraient.

Ce n’est qu’avec la création du GIEC (1988) et ses différents rapports que ce constat a été régulièrement adressé aux décideurs politiques et partagé par des citoyens de plus en plus concernés par les premiers changements. Des alertes envoyées depuis longtemps, trop longtemps, puisque l’importance des changements et bouleversements au niveau mondial que cela allait engendrer est restée incomprise.

Force est de constater que, ce que nous vivons actuellement, est tout à fait le reflet de ce qui était annoncé dans les années 70 si nous ne réagissions pas. Hélas, trop longtemps sous-estimées, les mesures à prendre à tous niveaux ont été trop frileuses voire inexistantes ou tardives : changer les habitudes de confort pour tout un chacun et, pour les multinationales, poursuivre le plus longtemps possible la dispersion des productions là où se trouvent les matières premières, là où la main d’œuvre est bon marché et la pollution peu réglementée.

Il n’est plus temps de regretter : aux citoyens de se mobiliser pour changer leurs actes d’achats, ce qui ne pourra que pousser les décideurs, les marchands à changer eux aussi en s’adaptant à leur niveau pour stopper les dérives bientôt irréversibles et enfin accélérer la mise en place d’un monde plus respectueux de l’Homme et de la Nature.

En effet l’heure est venue de s’affranchir de la mondialisation à tout crin en privilégiant tout ce qui peut être produit localement. Attention, le local, pour une métropole comme Lille, passe par la Belgique plutôt que par les villes du sud de la France. Cela passe par de nouveaux aménagements des villes plus propices à recréer du lien entre leurs habitants, à réintroduire de la biodiversité là où elle a été malmenée et quasiment détruite. Cela nécessite de dépolluer les sols, les rivières, d’assainir l’air et cela implique donc de se déplacer à pied, en vélo ou en transports en commun dont le développement est indispensable.

Tout cela est su depuis plus de 50 ans. Les innovations, la technologie ne peuvent résoudre les problèmes, au contraire, elles favorisent l’idée que les catastrophes peuvent encore être évitées. Les habitants de cette planète sont prêts à changer le cours des choses car ils ont compris au plus profond d’eux-mêmes à quels grands enjeux nous allons être confrontés sans avoir eu jusqu’à présent le « déclic » suffisant pour prendre les choses en main.

Nos motivations, nos propositions, discussions, débats au sein d’EDA depuis plus de trente ans, n’ont cessé, sans relâche, d’influencer les décisions à prendre. Il n’est plus question de « monde de demain », c’est le monde d’aujourd’hui qu’il faut consolider en commençant par le niveau local : un défi solidaire et déterminé à relever ensemble, habitants, décideurs, producteurs, marchands.. pour affronter les étapes d’une inévitable transformation à court terme.

Grégoire Jacob
Président de l’association EDA

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