Le 23 octobre 2018 une rencontre était organisée par le Cerdd à Fives près de Lille dans les anciens locaux de l’entreprise industrielle Fives Cail Babcoock. Durant plus de 100 ans fondeurs, chaudronniers, tôliers, soudeurs… ont construit locomotives, tunneliers, gros engins en métal. L’activité s’est terminée en 2001 laissant en plein cœur de ville une très vaste friche dotée de nombreux bâtiments à l’abandon : un potentiel qui va connaître une nouvelle vie.

Autrefois fleuron de la métallurgie, le site devient  « usine des possibles » : des logements performants du point de vue matériaux et consommation d’énergie (1200 environ à terme) avec terrasses pouvant accueillir de petits jardins, mais surtout de nouvelles façons de vivre en lien étroit avec les quartiers avoisinants grâce à une variété de projets dédiés à l’alimentation et à la convivialité.

Trois hangars déjà réhabilités accueillent  le Lycée hôtelier  International de Lille c’est à dire plus de 1000 élèves. Il est opérationnel et propose, en période scolaire repas, pain, pâtisseries confectionnés par les élèves et vendus dans quelques cellules commerciales disposées le long d’une large allée entre deux hangars, futur axe traversant appelé à créer des animations permanentes au sein de ce vaste ensemble.

Face à cette vaste vitrine, le hangar voisin est en cours de rénovation pour accueillir « les halles gourmandes » qui accueilleront de multiples petits pôles de restauration originaux accessibles aux revenus modestes.  La condition pour faire partie de la halle  gourmande est de servir des produits de qualité, respectueux de la santé des futurs convives.  Réduire la pauvreté dans un quartier victime du déclin industriel  depuis plus de 15 ans a été le point fort du dossier déposé au niveau européen pour obtenir les financements adéquats.

Une serre maraîchère est prévue au cœur même du site : d’autres formes d’emplois dédiés à une production maraichère à portée de mains complétée par celle  de producteurs locaux, les circuits courts étant privilégiés. Un espace appelé Tiers lieu accueillera diverses manifestations culturelles, rencontres mais aussi à du co-working  :  une gestion coopérative pour cet ensemble d’activités, à peaufiner, préciser, moduler au fil des installations successives et des premiers enseignements du fonctionnement global sur plusieurs mois.

Les multiples plans inclinés des toitures des grands bâtiments sont reliées à un vaste réseau de tuyaux qui récupère les eaux de pluie et les oriente vers une énorme cuve d’une capacité de 1800m3 qui servira à la fois de bassin tampon en cas de fortes averses mais aussi de réserve pour les besoins d’entretiens des espaces publics et verts.

Un ensemble de paramètres qui concrétisent des propositions que nous suggérions, valorisions au sein de multiples commissions de concertation auxquelles nous participons  et qui sont en cours de réalisation : une bouffée de positif dont nous ne manquerons pas de suivre les différentes étapes, tout cela sous le regard d’un ancien syndicaliste figurant sur une magnifique fresque à l’entrée du site : Pierre Degeyter (1848-1932), ouvrier et musicien, célèbre pour avoir composé  l’internationale, hymne notamment connu des syndicalistes.

Quelques autres points forts qui amplifient notre enthousiasme :

  • pratiquement tous les grands bâtiments ont été conservés et font l’objet d’une déconstruction partielle pour enlever les peintures au plomb qui recouvrent la plupart des piliers et l’amiante encore présente. La  reconstruction se veut exemplaire du point de vue choix des matériaux et performances énergétiques futures.
  • les rails et pavés qui desservaient l’ensemble du site ont été enlevés, conservés car considérés comme éléments du patrimoine. Ils seront repositionnés sur les grands axes dédiés à la circulation essentiellement piétonne ou douce lorsque tous les câbles et réseaux seront installés.
  • les accès aux transports en commun sont rénovés notamment vers la station de métro Marbrerie toute proche. Une réflexion est en cours pour relier le site aux gares TGV et TER toutes proches mais situées de l’autre côté du périphérique routier : l’option cabines téléphériques est en cours d’étude ce qui accentuerait l’originalité de l’ensemble du projet !
  • en plus de relier deux quartiers séparés par l’énorme friche industrielle (Fives et Hellemmes)  le projet, dans une deuxième phase, prévoit des jardins partagés, 7ha d’espaces verts, un vaste parc arboré connecté à un parc déjà existant, 13ha d’espaces publics paysagers de qualité.

Au delà de la visite du chantier de rénovation, la rencontre du 23 septembre était consacrée à la présentation du Réseau Alimentation Durable animé par le Cerdd (Centre ressource du développement Durable). Ce réseau cherche à rassembler un ensemble d’acteurs divers dont l’éventail des compétences et la complémentarité couvrent divers enjeux : une alimentation saine, accessible à tous, une empreinte minimale sur l’environnement, la réduction de la pauvreté et du gaspillage alimentaire, .. enjeux portés par un système économiquement équitable et performant à quasiment inventer par les acteurs présents de même que pour le vivier d’animations culturelles dont l’objectif sera d’attirer un public varié dans un contexte festif.

Le challenge 2019 consiste à répondre aux attentes des financiers européens qui ont été séduits par l’originalité d’un projet implanté au cœur d’une ancienne friche industrielle destiné à réduire la pauvreté. Il devra rapidement donner des preuves de son efficacité pour obtenir les 5 millions d’euros attribués.

Comment articuler des modules économiques différents et les adapter à un fonctionnement coopératif : une charte sera rédigée en commun et constituera le cadre de référence à respecter mais sans doute faudra t-il une entité dédiée à la mise en œuvre d’une gestion originale mais complexe…. tel est  le défi à relever rapidement et toutes les suggestions étaient donc bienvenues lors d’une rencontre intéressante pour un projet  aux atouts séduisants.

Pour en savoir plus sur le réseau