Conférence-débat organisée par EDA jeudi 26 septembre 2024 à Villeneuve d'Ascq (Campus scientifique)

En région Hauts de France, le littoral Dunkerquois est particulièrement concerné par les risques industriels. De nombreuses entreprises SEVESO sont déjà présentes, proches de la centrale nucléaire de Gravelines, la plus importante en Europe avec 6 réacteurs dont l’activité est en passe d’être prolongée de 40 à 50 ans.

De nouvelles entreprises dédiées à la fabrication de batteries sont en cours de construction et le projet d’ajout de deux EPR (réacteurs pressurisés européens) proches de l’actuelle centrale de production d’électricité fait actuellement l’objet d’un débat public, d’où notre questionnement.

Risques technologiques majeurs
Que savons-nous ? Quels contrôles ?

Conférence-débat animée par Grégoire Jacob président de l’association EDA et en présence de :

Risques nucléaires

Serge Hérard
Colonel Hors Classe de sapeur-pompier, Ancien responsable de la Mission nationale d’Appui à la gestion du Risque Nucléaire-Ministère de l’Intérieur
Retour d’expérience de l’accident Fukushima : impacts à court et long terme

Bruno Sardinha
Adjoint au chef de division, chef du pôle Réacteurs à la division ASN de Lille
Rôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire en matière de contrôles

Grégory Lefrançois
Secrétariat de la CLI de Gravelines
Suivi environnemental régulier mené autour de la centrale

Risques chimiques

Serge Hérard

L’accident industriel : quelques exemples et quels enseignements ?

Laurent Chauvel
Chef du Pôle Risques Accidentels Technologiques
DREAL Hauts-de-France

Établissements classés SEVESO : quels suivis et modes d’information ?

Maîtrise de l’urbanisation autour des établissements

Qu’est-ce qu’un PPRT (Plan de Prévention des Risques Technologiques) ?

TABLE RONDE

Les spécificités des activités nucléaires et autres activités industrielles en matière d’impacts environnementaux et éventuellement d’accidents

Avec la participation des intervenants, de Thierry Dereux, Président de France Nature Environnement Hauts-de-France, administrateur et membre du directoire au niveau national et d’un représentant de la commission nationale du débat public pour le projet EPR-Gravelines

Table ronde suivie d’un temps d’échanges

Avec le soutien de l’ANCCLI
Association Nationale des Comités et commissions d’information

Anccli

Compte-rendu de la Conférence-débat

Accéder à la présentation écran de la rencontre

Fixé au 26 septembre 2024, cet événement s’est inscrit dans le cadre de la journée nationale de la résilience (JNR) fixée chaque année au 13 octobre : une journée d’action face aux risques en cohérence avec la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes de l’Organisation internationale des Nations unies : « une initiative gouvernementale qui vise à diffuser la culture du risque et de la résilience auprès de l’ensemble des publics. L’objectif est que chaque citoyen puisse connaître les risques majeurs qui l’entourent et s’informe sur les comportements de sauvegardes à adopter, et les modalités d’alerte en cas d’événement grave. »

Une rencontre qui a vivement intéressé plus de 80 personnes présentes à en juger par les échanges riches et variés entre elles et les intervenants à l’issue de chaque présentation et par la frustration unanimement ressentie de ne pouvoir poursuivre du fait d’un horaire précis à respecter !

La transparence des informations fournies par les intervenants sur tous les sujets abordés et les réponses apportées relatives aux précisions demandées a étonné certains participants venus avec une arrière-pensée critique sur d’éventuels manquements de précautions aussi bien dans le domaine de la chimie que du nucléaire.

La présentation des outils et moyens mis en œuvre pour adapter les mesures à prendre en matière de sécurité et de sûreté des riverains proches des installations industrielles a également constitué un atout positif au contenu de cette rencontre. Elle a suscité une grande curiosité de la part des personnes présentes.

La découverte de dispositifs dont le rôle et l’importance étaient très peu connus, l’engagement des acteurs institutionnels pour garantir, suivre et ajuster leur mise en œuvre aux spécificités des territoires concernés ont contribué à la réussite de notre souci d’informer le plus largement possible tout public. Les intervenants ont, eux aussi, apprécié la teneur des propos et regretté de devoir s’en tenir à l’horaire maximal imposé par le lieu.

Quelques éléments essentiels

Serge Hérard – Colonel Hors Classe de sapeur-pompier, Ancien responsable de la Mission nationale d’Appui à la gestion du Risque Nucléaire-Ministère de l’Intérieur.

Les conséquences d’un accident d’origine chimique sont violentes et immédiates tel l’accident AZF à Toulouse le 21 septembre 2001. Celles d’un accident nucléaire ne tuent pas violemment les riverains mais, selon l’importance des rejets radioactifs, peuvent affecter gravement et durablement les milieux de vie, notamment les sols agricoles obligeant les populations concernées à s’éloigner quelques temps, voire de manière irréversible (Tchernobyl-Fukushima).

La terminologie Seveso

Seuil haut/seuil bas concerne les quantités de matières classées dangereuses entreposées ou manipulées sur les site industriels selon différentes rubriques (toxiques – inflammables – explosibles- auto réactives … )  auxquelles s’ajoutent trois règles : les dangers pour la santé, les dangers physiques et dangers pour l’environnement.

Laurent Chauvel – Chef du Pôle Risques Accidentels Technologiques DREAL Hauts-de France – Direction Régionale Environnement Aménagement Logement.

383 inspections ont été effectuées en 2023 par les services de la DREAL dont les missions consistent à assurer une politique de prévention.  Cela se traduit par l’élaboration et la mise en œuvre des plans de secours : POI Plans  Opération internes à l’entreprise, externes  PPI Plan Particuliers d’Intervention et les  PPRT – Plans Prévention Risques Technologiques- Le suivi de leur mise à jour pour optimiser leur application en cas de besoin constitue un autre volet des missions de la DREAL

Bruno Sardinha – Adjoint au chef de division, chef du pôle Réacteurs à la division ASN de Lille – Autorité de Sûreté Nucléaire.

L’ASN élabore et met en œuvre les mesures de prévention dédiées à assurer la sûreté de l’ensemble des installations nucléaires du territoire, la protection des travailleurs exposés aux rayonnement ionisants pendant leur activité ou celle des habitants lors de traitements médicaux ou en cas d’accident nucléaire.

Grégory Lefrançois – Secrétariat de la CLI de Gravelines – Commission Locale d’Informatio.

Une surveillance radio écologique régulière est exercée au sein des milieux naturels proches de la centrale, marins et terrestres. Des prélèvements d’échantillons sont analysés et donnent lieu à des discussions publiques au moment de la publication des résultats, dans un constant souci de transparence mais aussi d’amélioration des mesures à prendre en cas de dépassements notoires.

Deux invités pour évoquer (hélas trop rapidement) le projet EPR2 à Gravelines

Jacques Roudier – Commission nationale du débat public pour le projet EPR-Gravelines

Jacques Roudier a rappelé le rôle de la Commission nationale du débat public (CNDP), autorité administrative indépendante, chargée de garantir le droit, pour chacune et chacun, d’être informé et de participer aux décisions publiques ayant un impact sur l’environnement.

Il a ensuite présenté les modalités mises en œuvre pour le débat public,qui se tient sous l’égide de la CPDP (Commission Particulière du Débat Public), sur le projet de construction d’une paire d’EPR2 sur le site de Gravelines.

Trois thèmes essentiels seront proposés :

  • utilité du projet, son coût
  • comment s’inscrit-il dans le territoire : logements – transports – formation chantiers construction puis exploitation
  • sûreté et impacts sur l’environnement

L’équipe du débat, avec les différents outils utilisés, cherche à recueillir le maximum de questions et de réponses des porteurs du projet, d’avis et de suggestions de la part de publics les plus diversifiés possibles.
Elle en rendra compte, à la fin du débat, dans un document qui sera publié, pour éclairer les décideurs sur le projet que sont EDF, RTE mais aussi l’État.

Thierry Dereux – Président France Nature Environnement Hauts de France

Une fédération d’associations qui étudie des projets présentés comme propices à des offres d’emploi au sein d’un territoire isolé mais qui, sur le long terme, risquent de générer de graves atteintes à l’environnement et aux milieux de vie des habitants proches des installations. Leurs études et arguments contribuent, au mieux, à faire évoluer certains aspects des projets à défaut le plus souvent de pouvoir les stopper.

Leurs dossiers actuels concernent

  • RockWool, entreprise danoise leader mondial de production de laine de roche qui souhaite s’implanter dans l’Aisne, à Courmelles près de Soissons en soutien au maire qui refuse de signer le permis de construire
  • Agristo sur l’ancien site Tereos à Escaudoeuvres pour une énorme usine de production de frites
  • les évolutions au sein de l’Arcelor Mittal à Dunkerque…
  • et bien sûr les travaux concernant l’implantation des deux réacteurs sur un socle d’environ 11m de haut pour tenter d’éviter d’éventuelles submersions à horizon 2050 qui seront un des thèmes du cahier d’acteur rédigé dans le cadre de ce débat public.