Initier de projets, poser des jalons... et après ?
S’engager sur les questions environnementales et sociales, comme l’ont fait et le font encore les membres d’EDA depuis 1990, c’est chercher à inscrire la veille citoyenne dans un temps long en proposant inlassablement les ajustements qui nous semblent incontournables pour préserver et réhabiliter les milieux de vie.
Dès 1986, Gro Harlem Bruntland, présidente de la Commission des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement dans son rapport « Notre avenir à tous » parlait de l’obligation d’assurer « un développement durable qui réponde aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins vitaux essentiels surtout ceux des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et celui des limites des ressources de la Planète.
Aussi, revenir sur notre parcours et retrouver les divers jalons que nous avons posés, dans le cadre de la démarche citoyenne, militante et engagée qui nous guide, voir le chemin parcouru et la constance de nos engagements pour répondre aux enjeux auxquels nous sommes tous confrontés en mobilisant, alertant, depuis plus de 30 ans, nous procure une certaine fierté.
Les actions successives évoquées dans ce Bouffée d’air ont toujours consisté à favoriser l’amélioration des conditions de vie de tout un chacun, à protéger les milieux de vie en cherchant surtout les moyens de les réhabiliter, et aussi, à convaincre de la nécessité d’économiser les ressources disponibles. Dépollution des sols et solutions locales, concertation et participation citoyenne, conférences débats et autres expositions de sensibilisation pour le grand public ou encore rencontres autour de la radioprotection dans le milieu médical, nous avons montré qu’un chemin alternatif, cohérent et respectueux de l’Homme et de la Nature, est possible.
Bloquer les routes, déverser du purin devant les préfectures, saccager des bâtiments publics, chercher à détricoter des lois environnementales exigeantes pour faire perdurer un système agricole qui ne correspond pas à l’accès à une souveraineté alimentaire telle que pratiquée par de petits producteurs locaux ne nous semble pas correspondre à des solutions de long terme. Celles vers lesquelles il faut tendre sont connues : elles nécessitent un dialogue transparent basé sur l’expression des contraintes liées à des objectifs qu’il est urgent de revoir dans un contexte de crise climatique aiguë, une perte dramatique de biodiversité et un accroissement intolérable des inégalités sociales.
Il est temps de reconsidérer les dérives des accords commerciaux mondiaux et de garantir la survie des « générations futures » théorisée en 1986.
Il est temps de se préoccuper des enjeux de production d’électricité : constructions coûteuses d’EPR opérationnels en 2040/50 au mépris de l’évolution des contraintes environnementales d’ici là, ou, développement effréné de l’agrivoltaïsme au détriment des forêts ou de vastes espaces agricoles nourriciers alors que des milliers de toits sont disponibles.
C’est en s’engageant en réseaux les plus vastes possible que les citoyens, les premiers concernés, pourront peser sur les décisions déterminantes pour la survie de tous. C’est ce que nous n’avons eu de cesse de faire durant toutes ces années et que nous souhaiterions poursuivre, accompagnés et soutenus concrètement, notamment par les habitants de la Métropole Européenne de Lille : un défi que nous aimerions relever !
Grégoire Jacob
Président de l’association EDA
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